L'année 2014 marque le 70
ème
anniversaire de l'anéantissement de la plus importante communauté juive
de l'Europe centrale. En effet, selon les données officielles du
recensement et selon des estimations fiables, 825'000 personnes de
religion juive ou d’origine juive vivaient en Hongrie en 1941, dont
presque 200'000 à Budapest. La synagogue monumentale de la capitale
hongroise a été inaugurée en 1859, la même année que la synagogue Beth
Yaacov de Genève. C'est la plus grande synagogue d'Europe et la
deuxième plus grande du monde.
En 1940, la Hongrie rejoignit l'Axe, mais la majorité de cette communauté juive, dont l'histoire remonte au X
ème
siècle, et qui a joué un rôle immense dans l'avènement de la modernité
en Hongrie, fut relativement "épargnée" jusqu'à la dernière année de la
guerre. En mars 1944, l'Allemagne occupe la Hongrie. En moins de deux
mois, entre mai et juillet, toute la population juive de province
(environ 440'000 personnes) est déportée, et à la fin de l'été, les
Juifs de Budapest sont pratiquement les seuls restant en Hongrie.
En octobre 1944, le gouvernement du parti fasciste "les Croix
fléchées", radicalement antisémite, institue un régime de terreur : des
centaines des Juifs de Budapest, hommes, femmes et enfants, sont
assassinés ou enrôlés pour le travail forcé. En novembre 1944, près de
100'000 personnes sont contraintes de marcher, sous garde hongroise
jusqu'à la frontière, vers les camps autrichiens. Au même moment, le
régime ordonne le déplacement des juifs qui sont encore dans la
capitale, dans un ghetto établi autour de la Grande Synagogue.
Plusieurs dizaines de milliers d'entre eux furent raflés et abattus
dans les rues de Budapest ou sur les berges du Danube.
De nombreuses victimes de la terreur des "Croix fléchées" sont
enterrées dans la cour de la synagogue, cour qui abrite aujourd'hui le
Mémorial des martyrs juifs hongrois ainsi qu'un mémorial dédié à Raoul
Wallenberg et à d'autres "Justes parmi les nations", tels le
vice-consul suisse Carl Lutz et le diplomate suisse Friedrich Born.
Sur l'ensemble des victimes de la Shoah, une sur dix, à savoir environ
550'000 personnes, était d’origine hongroise ou déportée de Hongrie.
A l'occasion du 70e anniversaire de la Shoah en Hongrie, l'Association
des Amis de la Musique Juive (AMJ) souhaite ériger un "monument
musical" aux victimes, en célébrant par le chant, la vie d'une grande
communauté qui renait de ses cendres.
Hazzan principal de la Grande Synagogue,
László FEKETE enseigne la liturgie et l'art du chant synagogal au
Séminaire rabbinique-Université Juive de Hongrie.
Son vaste répertoire comprend des pièces liturgiques ashkénazes et
hongroises, des compositions originales et des thèmes folkloriques en
yiddish, en judéo-espagnol et en hongrois. Il a aussi tenu des rôles de
basse dans des opéra-bouffes italiens, a dirigé le premier
Colloque sur la musique juive à Budapest et chante régulièrement comme soliste dans des synagogues et lors de concerts en Europe, en Israël et au Japon.
Gergely (Greg) NÓGRÁDI, un grand talent de la jeune génération, a fait ses études à l'
Académie Franz Liszt de Budapest, au
Conservatoire de Musique de Stuttgart, au
Collège Abraham Geiger à Potsdam et, finalement, au
Séminaire Rabbinique-Université Juive de Hongrie,
sous la direction de László Fekete. Ténor dramatique, il est aussi à
l'aise dans les synagogues que sur les scènes d'opéra : son répertoire
s’étend de la liturgie ashkénaze aux rôles dans des opéras de Verdi,
Puccini ou Mozart. Il est le hazzan attitré de la
Synagogue de la rue Léo Frankel.
En choisissant sa vocation,
Immánuel ZUCKER, ministre officiant de la
Synagogue de la Place Hunyadi,
continue une longue tradition familiale : son père István Zucker
z.l. fut un rabbin aimé et respecté. Immánuel Zucker a étudié avec les
meilleurs professeurs de la liturgie juive en Hongrie et avec le grand
hazzan Joseph Malovany à New York. Sa belle voix douce de ténor lyrique
apporte une couleur spéciale aussi bien au service religieux qu’aux
concerts. Son art est profondément enraciné dans la tradition ashkénaze
que ce soit la liturgie orthodoxe, les chants yiddish ou les mélodies
hassidiques.