Printemps Sefarade - Festival AMJ de musiques méditerranéennes

Printemps Sefarade de l'AMJ - musiques juives

émission "les Tritons" sur Radio-Cité le vendredi 6 mars 2010
avec Michel Borzykowski et Raphaël Isperian
émission "Dare-Dare" sur Espace-2 le vendredi 12.03.2010
7 mars - 14 mars - 18 avril - 25 avril
L'association AMJ a le grand plaisir de présenter cette série de concerts invitant différents ensembles de musique traditionnelle sefarade, représentatifs de différentes régions : Maghreb, Balkans, Turquie...

Sandra Bessis    ensemble Naguila

Sandra Bessis et l'ensemble musical "Naguila"
Traditions juives du Maghreb
dimanche 7 mars 2010

CONCERT à 18h
Salle de la Cité Bleue
46 av. de Miremont - Genève
IMAGES 07.03.10  VIDEO1 VIDEO2

Sandra Bessis - chant, daff
Mohamed Zeftari - violon, chant
Myriam Poussin - qanun
Fouad Didi - oud, chant
Pierre-Luc Bensoussan - derbouka, reeq et daff

Ce concert est une invitation à la rencontre. Celle, tout d’abord, de l’ensemble Naguila fondé par le percussionniste Pierre-Luc Bensoussan il y a plus de dix ans et la chanteuse Sandra Bessis.
Arpentant, les uns et les autres, les chemins qui bordent la Méditerranée, d’une rive à l’autre, au gré des musiques arabo-andalouses, judéo-arabes et judéo-espagnoles, ils ont eu envie de croiser leurs destinées musicales et de partager, le temps d’un concert, leur même amour pour ces musiques qui disent tout à la fois la nostalgie de l’Andalousie, le goût pour la poésie, qu’elle soit d’inspiration profane ou sacrée, et les routes de l’exil.
C’est aussi la rencontre entre des répertoires cousins, issus d’un même creuset, celui de l’Espagne médiévale, qui au cours des siècles, du Maghreb aux Balkans, a vu s’épanouir des musiques riches de leurs multiples influences et pourtant secrètement liées les unes aux autres par les modes musicaux et par les instruments qui les portent, par la poésie qui les anime et par le subtil mariage de tradition populaire et d’inspiration savante qui les constituent.
Depuis Grenade, "dernier soupir du Maure", point d’orgue de la reconquête chrétienne en 1492 qui signa l’arrêt de mort de nombreux siècles de présence juive et musulmane en Espagne, les musiciens évoqueront Tétouan, Salonique ou Istanbul, stations obligées du voyage de Sefarad…
UP / HAUT

ensemble Palavrikas de Amor

"Palavrikas de Amor"
Musiques séfarades et orientales
dimanche 14 mars 2010

CONCERT à 18h
Salle de la Cité Bleue
46 av. de Miremont - Genève
IMAGES 14.03.10  VIDEO1 VIDEO2

Anne-Claire Monnier - chant
Michel Borzykowski - saxophones, chant
Bianca Favez - violon
Pier-Yves "Yoyvl" Têtu - accordéon
Frédéric Berney - contrebasse
David Morhain - percussions

Les chants et les musiques des Séfarades et des Mizrakhim (orientaux) font partie de l'immense patrimoine culturel du peuple juif. Leur diversité et leur charme ne pouvaient pas laissent indifférents des adeptes de la musique ashkénaze…  Délaissant donc le klezmer, HOTEGEZUGT et Anne-Claire MONNIER vous offrent un concert de musiques instrumentales et de chants judéo-espagnols dans une interprétation qui perpétue la tradition sans la figer…
UP / HAUT

Yasmin Levy

Yasmin Levy et ses musicens
Chants séfarades de la Méditerranée
dimanche 18 avril 2010

CONCERT à 18h
Salle de la Cité Bleue
46 av. de Miremont - Genève
IMAGES 18.04.10  VIDEO1

presse
Yasmin Levy - chant
Tim Fairhall - basse
James Cuthbertson - guitare
Nikhil Mukhi - mandoline
Vardan Hovanissian - flûte
Ishay Amir - percussions
 

La chanteuse de ladino Yasmin Levy est née à Jérusalem dans le quartier de Bakaa, "un tout petit quartier, mais très beau", plein d’étroites ruelles, un labyrinthe qui existe depuis des siècles.
Yasmin s’intéresse à la musique depuis toute petite. Dès six ans on la met au piano, instrument qu’elle travaillera jusqu’à dix-huit ans. À vingt-deux ans elle se met sérieusement au chant, mais attendra encore un an pour se produire en public, invitée par sa mère. D’autres concerts suivront mais c’est au WOMEX 2002 qu’elles fait ses véritables débuts sur la scène internationale et entame sa carrière de chanteuse.
Dès son premier album, Romance And Yasmin (Adama Music), dédié à la musique ladino et turque, on sent l’influence prégnante de l’œuvre de son défunt père, Yitzhak Levy. Né en Turquie en 1919, celui-ci était à la fois compositeur et cantor. À la création de l’État d’Israël il a été nommé à la tête du département Ladino de la Radio nationale. Toute son existence aura été consacrée à la collecte et à la préservation du patrimoine chanté des Juifs séfarades, transmis oralement de génération en génération, sur plus de cinq cents ans. Malheureusement, il décède alors que Yasmin est âgée d'à peine un an. Celle-ci grandit cependant avec le même amour que lui pour cette musique et son héritage; lui-même l’ayant transmis à son épouse Kochava, qui à son tour a appris les chansons du répertoire séfarade à leur fille...
UP / HAUT

Shira u'Tfila

"Shira u'Tfila"
Musiques séfarades des Balkans
dimanche 25 avril 2010

CONCERT à 18h
Salle de la Cité Bleue
46 av. de Miremont - Genève
IMAGES 25.04.10   VIDEO1  VIDEO2

Stefan Sablic - chant, oud
Filip Krumes - violon
Akash Bhatt - tabla
Srdjan Djordjevic - contrebasse
Ariel Qassis - oud, qanun
Dejan Zaric - def, riq, darbuka, zarb
Milena Sara Miletin - guitare

Fondé par le chanteur, khazan et joueur de oud Stefan Sablic (Asher Alkalay), Shira u’tfila (chant et prière) est un ensemble multi-ethnique et pluri-culturel qui puise son inspiration dans la riche culture musicale des Juifs séfarades des Balkans, de Turquie, des pays arabes et d'Afrique du Nord. Il mêle avec passion et talent sa pratique des musiques traditionnelles avec l'improvisation et la fusion des styles. Sa sonorité originale apporte une touche moderne à son héritage historique.
A sa création, le groupe jouait surtout les musiques liturgiques et para-liturgiques. Mais ensuite, touchés par la diversité et la beauté des musiques séfarades des Balkans, les musiciens ont décidé de les inclure à leur répertoire pour tenter de les sauver de l'oubli. Leur répertoire comprend désormais des chansons de mariage, d'amour, des berceuses et des chants religieux, en judéo-espagnol, en hébreu, et parfois même en turc et en serbe.
L'approche multiculturelle du groupe Shira u’tfila est agrémentée par la présence d'un percussionniste indien, d'un violoniste allemand, d'un contrebassiste serbe, ainsi que d'autres musiciens invités au gré des circonstances.
Le programme de leur concert sera basé sur les premiers enregistrements existants de musique séfarade des Balkans de la fin du XIXème siècle et sur le répertoire de Haim Effendi, qui fut sans doute le chanteur le plus prolifique dans ce style au début du XXème siècle.
UP / HAUT

Les musiques et chants judéo-espagnols

Dans le judaïsme, la tradition du chant liturgique remonte aux temps bibliques. C'est par contre dans la Diaspora que le chant profane a acquis une ampleur et surtout une diversité liée aux influences culturelles et musicales des divers peuples avec lesquels les communautés juives ont été - de gré ou de force - en contact. Associée à la poésie, la musique séfarade est restée le témoin privilégié de l'étrange aventure des Juifs de la péninsule ibérique qui connurent successivement la tolérance, le succès, les persécutions et l'expulsion. Malgré la dispersion et l'acculturation, les Juifs ont su préserver la langue et les valeurs culturelles spécifiques de leur judéité.

Séfarade est un mot hébreu signifiant "Espagne". Son pluriel, sfaradim, désigne les descendants des Juifs de la péninsule ibérique. A l'époque de la domination islamique sur l'Espagne (du VIIIème jusqu'au milieu du XIIIème siècle), une importante communauté y vivait. En dehors des périodes de persécutions et de conversions forcées, les juifs y étaient tolérés parce qu'utiles sur le plan économique et ils participèrent - avec les musulmans et les chrétiens - à une véritable symbiose culturelle et scientifique, dont sont issus de grands noms comme Maïmonide, Averroès ou Alphonse le Sage. On qualifie le XIIème siècle d'âge d'or du fait que les communautés juives ne dépendaient que du roi et jouissaient d'une grande autonomie administrative et judiciaire. Chaque centre du judaïsme espagnol, particulièrement en Andalousie (Cordoue, Grenade, Malaga, Séville, Tolède, etc...), avait son propre style poétique et sa tradition musicale spécifique.

Au milieu du XIVème siècle, l'épidémie de peste et les troubles politiques eurent raison de cette tolérance. La reconquête catholique de l'Espagne et l'obligation pour les Juifs de se convertir mirent fin à sept siècles de cohabitation harmonieuse entre les trois religions.
L'inquisition, instaurée au milieu du 
XVème siècle, accusa de nombreux "conversos" (convertis, surnommés avec mépris "marranos", porcs) de ne pas avoir totalement abandonné leur ancienne religion. Le 30 mars 1492, moins de trois mois après la capitulation des Maures, les Rois Catholiques Ferdinand et Isabelle signèrent un édit laissant quatre mois à tous les Juifs pour quitter le royaume sans emmener de biens. La plupart se réfugièrent dans l'Empire Ottoman (Salonique, Smyrne, Rhodes, Constantinople, Andrinople, Bosnie, Serbie, Roumanie et Macédoine), mais aussi en Afrique du Nord (Tétouan, Tanger), en Italie du Sud, en France (Marseille, Bordeaux) et dans le nord de l'Europe (Amsterdam). Les expulsés d'Espagne emportèrent avec eux leur patrimoine culturel, leur langue, leurs contes et leurs chants, source majeure d'enrichissement spirituel, qui furent transmis, surtout par les femmes, de génération en génération.

Durant cinq siècles ils préservèrent leur langue, le judéo-espagnol (également nommé, spaniol, spanioliko, djidio, djudesmo ou encore khaketia au Maroc, Yahudice en Turquie et Ladino), un espagnol médiéval enrichi de termes hébraïques (à l'instar du yiddish mais dans une moindre mesure) et, ultérieurement, de nombreux mots empruntés aux langues des cultures de résidence (turc, grec, arabe, français).
Les chants judéo-espagnols ont subi un cheminement analogue et d'innombrables écrits juifs ont été détruits sur ordre de l'Eglise, de sorte qu'il est impossible de savoir ce qu'était exactement la musique profane judéo-espagnole au 
XIVème siècle. Si certains textes remontent bien à l'Espagne du Moyen-Age ou de la Renaissance (servant même aujourd'hui à la recherche sur la littérature espagnole ! ), d'autres sont plus récents et ont été empruntés aux cultures et pays d'accueil ou à l'Espagne moderne par le biais de voyageurs.
Les mélodies de ces chants ont adopté les modèles musicaux des cultures d'accueil, contrairement à l'idée reçue affirmant qu'elles viennent en droite ligne d'Espagne ! Ainsi, le répertoire musical des communautés juives d'Orient (ancien Empire Ottoman, Balkans et Méditerranée orientale) a-t-il divergé de celui des Juifs du Maroc, et ce que nous connaissons aujourd'hui sous le terme de "chants judéo-espagnols" est essentiellement le fruit de ce "syncrétisme musical", de cette "incorporation créative" de textes judéo-espagnols anciens et récents et d'une musique essentiellement orientale. Cette complexité géographique et culturelle distingue la musique séfarade de celle des juifs ashkénazes, plus homogène de par son environnement est-européen souvent hostile et dont l'essaimage ne se fera qu'à la fin du 
XIXème siècle.

Autrefois, les ballades et romances étaient chantées dans le cadre domestique par les femmes, a cappella ou accompagnées par de simples percussions. Elles étaient adaptées aux diverses circonstances de la vie : naissance, berceuse, bar-mitzva, amour déçu ou partagé, mariage, affaires familiales, séparation, deuil, ou encore liées au calendrier : chants de shabbat, coplas de Purim, lamentations pour Tisha be'av, etc...
Évoquant une large palette de sentiments et d'émotions - des plus nobles et héroïques aux plus vulgaires et tragiques - leur style concis et d'apparence simple contient quantité d'allusions et de sous-entendus qui n'apparaissent aux auditeurs que grâce à une participation active. Leurs textes forment ainsi une mosaïque éclectique où les thèmes sacrés et profanes coexistent allégrement : piyutim para-liturgiques, thèmes religieux, poésies lyriques, chansons d'amour, thèmes d'actualité (p.ex. l'incendie de Salonique en 1917), parodies, satires ou chansons paillardes. Ces différentes formes d'un répertoire constamment enrichi ont permis et permettent encore aux Juifs séfarades d'affirmer leur culture particulière : juive et espagnole.
Au XXème siècle, l'avènement des enregistrements et la notion de "concert" ont engendré des interprétations nouvelles, souvent masculines et accompagnées d'instruments modernes, parfois sans lien direct avec la tradition.

La destruction d'importantes communautés séfarades lors de la Shoah a brutalement interrompu la transmission orale traditionnelle des chants judéo-espagnols mais, à l'instar des chants yiddish et de la musique klezmer, ce patrimoine suscite depuis les années 1970 un regain d'intérêt partout dans le monde.

Michel Borzykowski

UP / HAUT

L'organisation de ces concerts est rendue possible grâce aux soutiens suivants :

Département de la Culture de la Ville de Genève
Loterie Romande
Famille Stern

Réservations :
Janine Schorderet Tel. +4122/344.64.09 - Fax +4122/344.64.04

Pour tous renseignements ou contact :
Dann-Olivier Alfandary 20 rue Barthélémy-Menn, CH-1205 GENÈVE +4122/320.86.28
Michel Borzykowski 12 chemin Franconis, CH-1290 VERSOIX  +4122/755.41.23