Deux concerts pour raconter et
expérimenter le processus de rencontre entre deux cultures que tout, à
la fois, sépare et rapproche.
Il y eut en effet beaucoup de va et vient entre les musiques juives et
chrétiennes, des emprunts mutuels de mélodies, une influence réciproque
qui s'est faite par imprégnation au cours de l'Histoire.
On retrouvait ainsi dans les synagogues des mélodies populaires,
chantées en hébreu mais inspirées du monde séculaire chrétien, comme
des mélodies de trouvères, et dans les églises chrétiennes des chants
intimement liés à la vie quotidienne juive : cérémonies de naissance,
circoncision, mariage etc...
Encore aujourd’hui des mélodies issues de la tradition profane
chrétienne sont chantées dans les synagogues, de même des mélodies
juives se retrouvent dans les églises, à commencer par le chant
grégorien qui puise son origine dans la musique liturgique juive.
La période qui nous intéresse ici, est celle qui débute au Vème siècle
et se termine à la Renaissance. En France, les premières communautés
juives furent fondées dès le 1er siècle de notre ère, principalement
sur la côte méditerranéenne, puis à proximité de fleuves tels le Rhône,
la Saône ou le Rhin.
Au Xème siècle, des communautés juives s’organisèrent aussi en France
du Nord, autour de rabbins aux riches traditions talmudiques. Leurs
chants utilisaient les mélodies des chansons des trouvères, la langue
d’oïl et l’hébreu se mêlaient alors intimement, notamment dans les
poésies religieuses. Véritable "World Music" avant l’heure, ces
musiques se fécondaient, s’enrichissaient l’une l’autre et c’est bien
là ce qui nous interpelle.
Grâce aux ensembles de qualité
Lucidarium et
Alla Francesca,
tous deux constitués de musiciens passionnés ayant eux-même effectué
des recherches musicologiques dans ce domaine spécifique, nous sommes
en mesure d'offrir au public genevois, une merveilleuse occasion de
découvrir la richesse du métissage des musiques juives du Moyen Âge.